Personnalité paranoïaque

La personnalité paranoïaque représente un état caractérisé par une méfiance, une surestimation, un faux jugement, une rigidité ainsi qu’une inadaptation à son entourage.

D’après l’ Encyclopædia Universalis, le terme « paranoïa » est tiré du grec se traduisant par « contre » et « esprit ». Du temps d’Hippocrate et de la médecine grecque de l’Antiquité, ce mot était synonyme de folie. En évoluant, il présente désormais une signification psychiatrique de « délire systématisé progressif ».

La cause de ce trouble comportemental reste encore indéterminée. La théorie de Milton Erickson, psychiatre américain, évoque l’absence d’un environnement sécurisant pour un individu au cours de son enfance, entravant ainsi la satisfaction de ses besoins ainsi que sa capacité à se mettre en confiance. En grandissant dans ce milieu instable et précaire, il développe une méfiance qui le mine jusqu’à l’âge adulte. D’autres difficultés de l’enfance sont également incriminées, notamment la tromperie ou l’abus répété par des adultes.

Paradoxalement, le surinvestissement des parents entraîne un sentiment de supériorité de l’enfant qui se traduit par l’orgueil et une confiance exagérée en ses capacités. Par conséquent, l’enfant devient méprisant vis-à-vis de son entourage.

La personnalité paranoïaque s’articule autour de quatre principaux traits :

• L’hypertrophie du moi :
  traduite par une surestimation de soi-même, à l’origine de l’orgueil, la mégalomanie, le mépris des autres et la vanité avec un fond de fausse modestie.
• La psychorigidité :
  le sujet est incapable d’intégrer une discipline collective et de se remettre en question. Il veut constamment avoir le dernier mot et asseoir ainsi son autorité.
• La méfiance et la suspicion :
  pour les sujets, les autres éprouvent de la jalousie à l’égard de leur supériorité et souhaitent leur porter préjudice.
• La fausseté du jugement :
  les paranoïaques possèdent leur propre logique, fondée sur une série de fausses interprétations auxquelles ils tiennent absolument.

Cette maladie psychiatrique se manifeste à travers des délires paranoïaques souvent très construits, voire convaincants chez certains sujets. Ils sont classés en trois types :

• Le délire d’interprétation
  Il repose sur plusieurs idées et s’engrène au fur et à mesure que le patient pense subir de plus en plus de persécution.
• Le délire de relation des sensitifs
  Il est observé chez les individus à personnalité sensitive, notamment sujets à la méfiance, la scrupulosité, la susceptibilité, l’hyperémotivité et la tendance à la culpabilité.
• Le délire passionnel
  Il s’inscrit autour d’une idée de base erronée et inclut les délires de jalousie, érotomaniaques et de revendication.

Le traitement des délires consiste en une association de médicaments, tels que les antipsychotiques atypiques et les antidépresseurs, qui peuvent être intéressants pour réduire l’anxiété, complétée par une action psychothérapeutique. Néanmoins, aucun traitement ne s’est avéré efficace pour ce trouble de personnalité.

1. Psychiatrie – Chiffres clés – Agence technique de l’information sur l’hospitalisation
   https://www.atih.sante.fr/sites/default/files/public/content/2554/atih_chiffres_cles_psychiatrie_2017.pdf

Fiche Personnalité paranoïaque

• Auteur : Dr A. Morjane
• Date de création : 15/12/2019